L’accueil des artistes au titre de la résidence d’écriture de Champcevinel entame depuis le printemps 2023 sa 3ème année d’existence. La commune a déjà eu le plaisir de recevoir Joffroy FAURE, les musiciens Samuel et Emily, et Séverine VINCENT.
Pour l’actualité, c’est désormais l’autrice Anne PEYROUSE, née en France mais résidant depuis de nombreuses années chez nos amis québécois qui s’installe à la Maison de la Dîme pour plusieurs semaines.
Anne PEYROUSE est écrivaine (roman, contes, nouvelles, poésie, fiction, auto-fiction, autobiographie), boursière du conseil des arts et des lettres du Québec, directrice littéraire des éditions Hamac, chargée de cours en création littéraire et à l’Université du Troisième Age (université LAVAL à QUEBEC).
Nous avons eu l’avantage de pouvoir la rencontrer et lui poser quelques questions de bienvenue, dont voici quelques extraits :
- Quel est votre projet artistique en cours ?
Je travaille sur deux recueils de poèmes. Mon premier explore l’écriture de la peau. J’espère donner forme à l’évolution de cette membrane qui nous recouvre, barrière et réceptacle entre l’extérieur et l’intérieur. Je désire écrire son évolution à travers les années qui passent. Je voudrais aborder diverses représentations : le tatouage, le surplus de peau, les taches pigmentaires, la couleur, etc. Mais aussi la peau violentée par soi-même ou les autres, la peau soumise à des lois et des genres. Elle subit des rôles sociaux, politiques, religieux et familiaux.
Pour le deuxième recueil, même si l’amour a été écrit sous bien des formes, là, son contexte me semble neuf, puisque je mets en scène une femme et un homme ayant entre 60 et 80 ans (je ne sais pas encore). Je dévoilerai leurs désirs et promiscuités, leur érotisme libre. Il va sans dire qu’on n’aime pas à 60 ans comme à 20 ans. Néanmoins, on s’aime, et je veux le poétiser sans tabou.
- S’agit-il de finaliser ce projet à Champcevinel ?
Celui sur la peau va primer sur l’autre, car je suis boursière du Conseil des arts et des lettres du Québec pour cette création et je vais y consacrer vraiment plus de temps.
- Quelle a été l’origine de cette œuvre en cours de parachèvement ?
Les deux recueils touchent des perceptions du corps. Je suis une femme qui approche la soixantaine et je perçois mes changements physiques, ce qui n’est pas un handicap dans la création mais une possibilité de renouvellement. Ainsi, ma peau se picote, se ride, sa texture change, et j’ai envie d’aborder ce sujet en ratissant large pour que le sujet soit plus universel que personnel. Le couple amoureux, c’est le mien, mais c’est surtout celui qui existe très peu en littérature ou dans la vie de tous les jours, car on dirait que l’amour à 60 ans est censuré.
- Comment avez-vous l’intention de travailler en vous immergeant au cœur de la commune ?
Ce matin en buvant mon café sous le porche de la Maison de la Dîme, je me suis dit que les pierres revêtaient une peau bien à elle. La « peau » des pierres date du 16e siècle. L’ailleurs crée ces déclics liés au hasard. Champcevinel saura nourrir mes images et mes impressions poétiques ; je lui (vous) fais confiance !
- Avez-vous prévu des points d’étapes avec vos interlocuteurs à la mairie ?
Je vais être à Livres en fête, les 17 et 18 juin. Les 14 et 21 juin, je vais animer des ateliers à la bibliothèque Françoise Rousseau. Et s’il y a d’autres invitations, ça me fera plaisir d’y participer.
- Quels retours les habitants de Champcevinel peuvent-ils attendre de votre travail ?
J’ai déjà commencé à parler de cette résidence sur les réseaux sociaux, à partager des photos ; la communauté littéraire du Québec me semble intriguée par ce lieu tellement magique pour l’écriture. J’écris dans une maison du 16e siècle, c’est incroyable ! Bien sûr, il y aura des remerciements dans le livre publié.
- Que pensez-vous de l’accueil qui vous a été réservé ? Votre installation à la maison de la Dîme ?
Je veux remercier tout le monde car j’ai reçu un très bel accueil des élu·e·s de la Mairie, et des habitant·e·s que je croise ; les gens sont vraiment gentils.
- Quels sont vos projets futurs après la séquence champcevinelloise ?
Je veux continuer à explorer les résidences d’écriture en Aquitaine. L’ALCA Nouvelle-Aquitaine offre de superbes possibilités.
Site web : annepeyrouse.com
Instagram : @annepeyrouse
Propos recueillis par Jean-Michel LOT, conseiller municipal.